Sur le camp d’Équirando à l’Isle Briand, on les appelle affectueusement les petits-suisses
. Avec ses cinq enfants (entre 4 et 10 ans) et Aurélie, 15 ans, Myriam Dutruy emmène une équipe qui détonne sur les chemins de France. Avec une calèche tirée par deux franches-montagnes et un chien, ils ont parcouru en 20 jours très exactement 988 kilomètres depuis une bourgade proche de Genève jusqu’au Lion-d’Angers. Nous ne nous sommes arrêtés que mardi 27 juillet à cause des pluies torrentielles »,
explique-t-elle.
Tout au long de leur parcours, les Helvètes ont dormi sous la tente, comptant parfois sur la bonne volonté des paysans locaux pour les accueillir sous un hangar. Tout le monde était très sympathique. Même lorsque nous nous posions à l’entrée du village, les gens venaient voir, curieux, raconte la randonneuse. Nous avons eu du mal à trouver un endroit seulement en Sologne. Beaucoup de forêt, et personne ne s’est montré coopératif jusqu’à ce qu’un habitant nous sauve »,
ajoute-t-elle avec une franchise naturelle.
Toute une vie avec les chevaux
Issue d’une famille de meneurs d’attelage et sur une selle depuis ses trois ans, Myriam Dutruy a toujours aimé le contact avec les chevaux, la randonnée, et les expéditions. Elle est kinésithérapeute de formation et travaille au quotidien avec des équidés : elle propose des soins impliquant les animaux pour les personnes souffrant de handicaps physiques après un accident, une attaque cérébrale ou à cause d’une sclérose en plaques. La thérapeute détaille : Une fois sur le cheval au pas à nu sans selle ni étriers, le mouvement ressenti est en fait le même que lorsqu’on marche. Les résultats sont impressionnants, mais les Français sont très en retard là-dessus
, raille-t-elle dans un accent suisse marqué.
Une mécanique bien huilée
Elle s’est déjà lancée dans Équirando en 2019, avec une arrivée à Rambouillet. Sa plus jeune fille n’avait que 2 ans à l’époque, ce pourquoi la maman avait choisi d’emmener Aurélie, jeune cavalière expérimentée, en renfort. Les enfants sortent de cette aventure ravis : A une moyenne de 12 à 15 kilomètres par heure pour 50 km par jour, ils trouvent plein de jeux pour s’occuper. Cette année, leur grand truc a été de ramasser des épis de blé sur le bord de la route pour en faire de la farine »,
relate-t-elle en riant. Son mari, agriculteur et également cavalier, n’est pas du voyage. Il ne supporte pas vraiment le camping, alors pour lui en faire faire 20 jours »,
s’amuse-t-elle.
L’attelage et ses occupants titraient 1,4 tonne à la pesée, ce qui est conséquent même si le strict nécessaire est emmené. Aucun problème technique majeur ne fut à déplorer, seul un des deux chevaux s’est blessé au bout de crinière, là où le surcou de l’attelage vient frotter. Rien de trop grave. L’équipe a roulé seule, sans assistance aucune pendant tout le trajet, ce qui n’a pas semblé faire peur à l’aventurière suisse.
Équirando, c’est aussi des rencontres
Le concept de l’Équirando, événement amateur, est aussi de rencontrer d’autres personnes dans le même milieu. En déambulant dans les allées du camp, Myriam se fait régulièrement interpeller par d’autres participants. J’en ai rencontré certains en 2019. Depuis, nous suivons nos aventures et on se retrouve cette année »,
explique la cavalière. C’est par ailleurs l’occasion de faire du tourisme. J’ai dû trouver plus d’une vingtaine de cartes de France pour établir mon itinéraire »,
dit-elle en faisant mine de s’insurger. Le défilé du samedi matin, le lendemain de leur arrivée, les faisait passer dans les rues du Lion et au château du Plessis-Macé devant la foule réunie et ouvert par des gendarmes à cheval. C’était la grande classe ce petit tour du patrimoine local avec escorte et les autres cavaliers.
Elle déplore néanmoins n’avoir vu que des cavaliers locaux dans la première partie de la procession dont elle faisait partie.
Après ces vingt jours certes passionnants mais non moins fatigants, Myriam s’accordera un repos bien mérité sur le bord de l’océan. Les chevaux, eux, rentreront en Suisse lundi par camion après une dernière nuit de camping à Pruillé.
Crédit Photo : THÉO SAUVIGNET
Source : Ouest France