Bleu, blanc et rouge. Maxime Livio a l’équipe de France chevillée au corps. Les Jeux olympiques de Tokyo, il aurait d’ailleurs pu y prendre part en compagnie de l’Angevin de Nicolas Touzaint. « Une place de remplaçant m’a été proposée », explique le cavalier saumurois qui, après les forfaits de Thibaut Vallette puis Thomas Carlile, aurait donc pu intégrer le groupe France. Mais en concertation avec le sélectionneur Thierry Touzaint, le choix a été fait de ne pas brusquer Api du Libaire, le cheval du Saumurois. Ceci étant dit, Maxime Livio a toutefois fêté son 34e anniversaire, ce mardi 27 juillet, dans l’arène olympique où il défendra un drapeau bleu, blanc, rouge mais rayé horizontalement en sa qualité de sélectionneur de l’équipe de… Thaïlande, un poste qu’il occupe depuis huit ans. « Depuis ma prise de fonction, l’équipe a disputé deux fois les Jeux asiatiques, la première pour apprendre et la deuxième pour ramener une médaille de bronze. Et là, la Thaïlande disputera le concours complet olympique pour la toute première fois de son histoire. »

Comment se déroule votre première expérience olympique ?

Maxime Livio : « Avec les restrictions sanitaires, sans le public, c’est vraiment particulier. C’est quelque chose d’assez prenant dans nos journées. Par exemple, on n’a pas pu aller visite la ville. À part cela, les chevaux et les cavaliers ont l’air très à leur affaire. Ils vont bien, sont super concentrés. Sportivement, on est au clair sur le fait que nous sommes là pour prendre de l’expérience. Le but, à la fin de la semaine, est de ne pas avoir de regrets sur ce qu’on était capable de faire. Nous devons donc essayer d’être au plus proche de l’idéal de la performance de chacun. »

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

« La performance minimale est que l’équipe finisse le concours afin d’obtenir un billet pour les championnats du monde l’année prochaine (du 14 au 18 septembre 2022 à Pratoni Dl Vivaro, Italie). Dans le budget qui est le nôtre, nous avons choisi des chevaux de cross expérimentés, capables de rassurer et donner confiance à nos cavaliers qui, il y a deux ans concourraient en trois étoiles. Là, ils se retrouvent aux JO avec sur un 4 étoiles. Sur ces JO, quinze nations sont présentes, nous devons être dans le Top 10. L’idée restant que les cavaliers engrangent le maximum d’expérience. A leur sujet, il faut savoir qu’ils sont talentueux, impliqués au quotidien et doués d’une vraie force de travail. Dans les années à venir, avec l’expérience, si on leur met une bonne bête sous leur selle, je pense qu’ils pourront faire mouche. Pourquoi ne pas tenter de nous qualifier pour Paris 2024 avec un standing supérieur. »

«Plus raisonnable d’emmener mon cheval aux championnats d’Europe qu’aux JO»

Quelles sont les conditions actuelles à Tokyo ? Pas trop humides et épouvantes pour les chevaux ?

« Non. On s’attendait tous à ce que cela soit insupportable. Mais il y a toujours un peu d’air. Quand le temps est couvert, c’est même très européen. Quand il fait chaud, cela reste supportable, sachant que les épreuves sont tôt le matin et tard le soir. Pour le cross-country (dimanche 1er août), je crois même qu’ils annoncent un peu de pluie. Ça devrait rafraîchir un peu l’ambiance. »

Un mot sur l’équipe de France. Ne regrettez-vous pas de ne pas en faire partie sur ces Jeux ?

« Non. J’étais vraiment à la porte, la place de remplaçant m’a même été proposée. Avec le scenario des dernières semaines (forfaits de Thibaut Vallette puis Thomas Carlile), j’aurais pu y être. Nous avons eu une bonne discussion avec Thierry Touzaint, l’entraîneur national. On s’est dit que là où en est mon cheval, c’est plus raisonnable pour son avenir de l’emmener aux championnats d’Europe, en septembre prochain, plutôt que de le lancer sur ces JO. C’est un cheval très sensible. Avec le transport, la chaleur, etc. j’aurais pu payer dans les années à venir le fait de le lancer trop tôt. Il me donne de plus en plus sa confiance, je n’ai envie de la trahir. Même quand j’ai vu que Karim (Laghouag) entrait dans l’équipe, je n’ai pas eu une seule seconde de regret. Je pense avoir pris la bonne décision pour mon cheval. Et puis, cette année, Thierry Touzaint a la chance d’avoir beaucoup de choix avec plein de bons couples. Mon cheval n’était donc pas indispensable pour avoir une bonne équipe de France. »

Que peut attendre la France de ces JO ?

« Les forfaits (de Vallette et Carlile) vont forcément faire évoluer la stratégie collective. Mais les couples en lice ont de l’expérience. Deux nations me semblent au-dessus du lot, l’Angleterre et l’Allemagne qui ont, eux, réussi à emmener leurs trois piliers. Après, je souhaite aux Bleus que les conditions soient difficiles afin qu’ils puissent tirer leur épingle du jeu à ce moment-là. »

 

Tristan Blaisonneau

Crédit Photo : THAÏLAND EQUESTRIAN FEDERATION


Source : Ouest France