Elle travaillait au château-musée de Saumur depuis 2003. En mai 2020, Hélène Dubois a décroché son Graal en prenant en charge la collection cheval. Diplômée d’histoire de l’art et monitrice d’équitation, elle rayonne de bonheur dans cette caverne d’Ali Baba équestre. Il est vrai que cette collection est abondante avec 6 000 objets, dont certaines pièces très rares. « Cela représente 3 000 dessins, gravures, ouvrages et 3 000 objets liés directement au cheval. C’est une des collections les plus riches du monde en termes de variété et de pièces uniques. On part du néolithique jusqu’au XX
e siècle
» détaille l’attachée de conservation du patrimoine.
Des expositions thématiques régulières
Confortablement installée sous les magnifiques charpentes du 2e étage de l’aile est du château et d’une tour d’angle, la collection aborde une nouvelle page de son histoire. Elle évoluera encore tout comme l’édifice au fil des restaurations, mais en tout cas le bel espace actuel est propice à une mise en scène muséographique dynamique intitulée « La fabrique du cheval ». Nous ne souhaitons plus un musée figé. L’idée est de tourner sur des présentations thématiques tous les deux ou trois ans afin de changer les objets, ce qui permet aussi de les préserver »,
se réjouit Hélène Dubois.
Originellement, la Société du musée du cheval avait pris son essor en 1911 avant de disparaître en 1957. Le fonds a été sauvé de l’éparpillement grâce à un don à la Ville de Saumur qui gérait déjà le musée municipal dans le château. La somptueuse collection, fruit de prêts et dons de passionnés, s’est enrichie de dépôts de musées et de quelques achats.
Aujourd’hui, le musée du cheval attire les chercheurs au niveau international, développe la médiation vers les enfants, met en lumière ses richesses dans des expositions renouvelées, tout en poursuivant des recherches en interne. Vaste programme !
Saint-Georges terrassant le dragon, un bois polychrome d’une qualité exceptionnelle.
L’histoire d’une domestication
Le musée met en scène la relation entre l’homme et le cheval depuis les origines. D’abord simple proie, l’animal s’est révélé plus intéressant. Trois objets ont permis à l’homme d’exploiter le cheval. Il l’a utilisé pour le travail, ensuite à la guerre et plus récemment pour ses loisirs »,
introduit Hélène Dubois. Sont apparus successivement le harnais de tête avec le mors dans la bouche du cheval pour le maintenir et le guider, la selle pour le monter et enfin, l’étrier qui a stabilisé cavalier.
La qualité artisanale des pièces présentées et leur originalité aux yeux des visiteurs provoquent de nombreux commentaires.
Au fil des vitrines, qu’une explication de notre guide éclaire fort utilement, on réalise combien l’attitude de l’homme envers le cheval a changé au fil des siècles, en Occident notamment. Expression de la puissance et de la richesse de son propriétaire, objet de domination y compris violente, victime d’indifférence à sa souffrance, il a fini par être traité davantage comme un partenaire. Le cheval a été le dernier domestiqué, bien après le bœuf, le chien et même le lapin. Quand on y est parvenu, il est devenu l’animal des dieux et des chefs »,
commente la spécialiste.
Le cheval a tout subi
Hélène Dubois en charge de la collection du musée du cheval devant ce traîneau daté de la retraite de Russie.
La sélection des races viendra plus tard, tout comme une relation plus pacifiée, mais la réalité têtue apparaît dans les explications d’Hélène Dubois : Le cheval a été l’animal qui a été le plus sorti de son contexte naturel. Il doit manger régulièrement, faire douze kilomètres par jour et vivre en troupeau, pourtant il s’est retrouvé enfermé, nourri avec des aliments trop riches alors qu’il n’a pas de gésier et enlevé du troupeau alors qu’il est grégaire. On lui a mis une selle sur le dos quand son squelette prouve qu’il n’est pas fait pour ça et on lui a posé des fers aux pieds. Ces animaux ont tout subi. Le cheval ne se plaint pas, il ne manifeste pas sa douleur, il a souvent tout accepté
.
Voici l’occasion de s’imprégner de cette histoire plurimillénaire dans un château-musée dont on découvrira les autres collections et un point de vue remarquable sur la ville et la Loire.
Fabienne Trélat
Crédit Photo : CO – FABIENNE TRÉLAT
Source : Ouest France