Enfant, Jean-François Moquet arpentait les hippodromes du secteur. « J’habitais à Moisdon-la-Rivière. Le week-end, avec mes parents, nous allions sur les champs de courses de la région. Ce sont des parieurs occasionnels. Ça a commencé ainsi. »

Depuis l’âge de 15 ans

Le trotteur, qui comptabilise trente-deux victoires dans sa carrière, a failli prendre un tout autre chemin : « Je voulais devenir galopeur, mais ma taille et mon poids ne me le permettaient pas. De plus, je n’avais jamais été licencié dans un club équestre. Je n’avais donc pas les bases pour monter à cheval. »

Le passionné s’est lancé à quinze ans : « J’ai effectué un bac professionnel. Puis, j’ai travaillé pour différentes écuries. Les changements d’établissements lui ont permis d’apprendre. « J’ai travaillé chez Christian Bigeon. Une pointure dans le milieu. Je savais qu’en allant là-bas, je n’allais pas courir. Il s’agissait d’un choix fort. Malgré tout, j’ai appris beaucoup de choses, notamment sur le soin des animaux. J’ai pu également m’exercer sur des poulains de qualité. »

Des journées chargées

Des sacrifices, Jean-François Moquet en réalise tous les jours. « On commence tôt le matin, vers 7h. Les missions sont variées. C’est nourrir les chevaux, les entraîner, nettoyer les box, préparer les prochaines épreuves. Les après-midis où je cours, il m’arrive de rentrer tard le soir chez moi, parfois à 22h. En effet, je peux me déplacer à quatre ou cinq heures de mon lieu d’habitation. J’admets quand même que parfois, le week-end, je resterai bien un peu plus longtemps dans mon lit. »

Il poursuit : « Le plus frustrant, c’est de se déplacer, courir, et de ne pas être assez bien classé pour rentrer dans l’argent. D’autant plus que les grosses semaines, on monte à 70h. Mais je suis très content de vivre de ma passion. »

Ces contraintes pâtissent parfois sur la vie du sportif. « J’ai peu de temps pour moi. Pas toujours évident de sortir et de faire des activités. C’est encore plus difficile pour créer une vie de famille. Une personne qui n’est pas du milieu peut ne pas comprendre que je travaille le samedi et le dimanche toute la journée et que je rentre tard le soir. »

Heureusement, Jean-François Moquet peut compter sur le soutien de ses proches : « Mes parents viennent m’encourager dès qu’ils le peuvent sur les hippodromes. Quand je gagne, ils se mettent à pleurer. Ma mère se cache quand ça arrive. De son côté, mon père ne comprend pas toujours mes déplacements. Je lui explique que je n’ai pas le choix. »

Devenir professionnel

Le pilote profite de l’été pour améliorer ses statistiques. « Je cours régulièrement depuis début mai. D’ailleurs, j’ai gagné une course à Abbeville (Somme). Ça m’a fait plaisir, car ma dernière victoire remontait à plus d’un an. Sur cet engagement, j’avais le cheval de la course. J’avais juste à tenir les ficelles. Avant le départ, les parieurs étaient venus me voir. J’avais dit que c’était très bien. J’étais assez confiant j’avais fini 3e avec une faute lors de ma dernière sortie avec ce cheval. De plus, un parieur qui me connait un peu, quand je suis rentré en piste, m’a dit que mes concurrents n’étaient pas confiants. Cela m’a rassuré. »

En plus de son succès, le Moisdonnais d’origine se hisse régulièrement dans les cinq premières places. « J’ai beaucoup été dans l’argent » se satisfait-il. Son arrêt de six mois à cause d’une blessure est déjà oublié. « Je me suis remis à fond dedans. Je vais courir encore quelques fois. J’ai d’ailleurs des chances de bien figurer. Maintenant, on se rapproche de la fin pour cette saison. »

Jean-François Moquet travaillera différemment : « Je cours jusqu’en octobre. Ensuite, je consacre l’hiver à m’occuper des poulains dans l’écurie. Ils reprendront les courses fin février ou début mars. »

Le jeune homme profitera de l’instant pour se réorienter : « Je vais peut-être passer ma licence d’entraîneur. »  Courage, passion et persévérance sont les atouts de l’athlète qui a gravi tous les échelons du succès à la force du poignet : « Je suis parti de rien. Aucun membre de ma famille n’a de terrain ou de chevaux. C’est encore plus difficile d’y arriver pour ceux qui sont dans mon cas. Le monde des courses hippiques est un cercle fermé. Il faut se battre pour réussir à se faire une petite place. »  

Jean-François Moquet devrait continuer à monter en puissance au fil des années.

 

Crédit Photo : Jean-François Moquet


Source : Actu.fr, L'Eclaireur de Châteaubriant