Son fief, Julien Lavainne l’a quitté à dix-sept ans. « Je me suis formé à Graignes (Manche) dans la meilleure école de France pour apprendre le métier. J’ai suivi une formation pendant deux ans. Pour m’y rendre, je partais le dimanche soir, de la gare de Châteaubriant. J’allais jusqu’à Rennes. Puis, je prenais un bus jusqu’à Lison (Calvados). Des membres de l’école nous emmenaient ensuite jusqu’à l’internat », raconte le pilote de trot attelé.
L’homme de trente-trois ans a traversé les frontières pour continuer d’apprendre. « J’ai travaillé huit mois aux États-Unis et deux mois au Canada. Je m’occupais de six chevaux. Je devais les préparer pour les courses. J’allais d’hippodrome en hippodrome. Ce fut une superbe expérience. »
Des premières victoires en local
Ses escapades terminées, Julien Lavainne a décidé d’habiter à Châteaubriant. C’est d’ailleurs proche de son lieu de naissance qu’il empoche son premier succès. « C’était à Craon (Mayenne). Les tribunes étaient pleines. Une victoire qui mettait fin à cinq secondes places consécutives avec ce cheval. »
C’est pourtant son premier titre à l’hippodrome de Châteaubriant qui reste le plus ancré dans sa mémoire : « Toute ma famille était présente, des amis également. Dans la ligne droite, j’entendais des proches qui m’encourageaient des tribunes. On avait fêté ça en buvant du champagne avec le maire. Ce fut un moment extraordinaire. »
Préparation des chevaux
Désormais, l’athlète se concentre davantage sur la préparation des chevaux.
« Des clients nous emmènent des chevaux qui ont un an. On leur apprend le métier en les faisant courir tout en se rapprochant au maximum des conditions de courses. Pour que les chevaux soient acceptés en compétition, il faut réaliser un temps chronométré défini. Mon rôle est d’en qualifier un maximum. Je m’occupe essentiellement de cela. Je gère également l’entretien de la piste avec mes collègues. »
Le Castelbriantais drive tout de même encore en compétition. « C’est calme l’hiver lorsque tu es loin de Paris. Là, on entre dans la belle saison. Je piloterai deux à trois fois par semaine, globalement dans l’ouest de la France. Nous sommes assez bien servis dans notre région. »
L’adrénaline est toujours présente : « Il faut que ce soit du stress positif. La veille, on pense forcément à la course. On sait que des copains ont parié sur nous. Heureusement, je ne les rembourse pas quand ils ont perdu. Sinon, je serais endetté (rires). Quand le départ est donné, c’est très rapide. Je me fais plaisir avant tout. C’est le principal. »
Impact de la crise sanitaire
Bien qu’expérimenté, Julien Lavainne préfère rester salarié.
« La crise sanitaire a eu un impact sur les courses de chevaux. Les gains en courses ont baissé. Même si mon rêve est d’avoir une écurie afin que des propriétaires me confient leurs chevaux en pension et monter un élevage, ce n’est pas aujourd’hui que je m’installerai. Le monde des courses est de plus en plus dur. Et il le sera encore plus dans les années à venir. Pour l’instant, je vis au jour le jour. Être salarié n’a pas que des désavantages, surtout dans notre métier. »
En mai dernier, Julien Lavainne glanait une cinquième place à Cholet (Maine-et-Loire). Hélas, le trentenaire a éprouvé des difficultés à confirmer. « La période estivale a été très calme. Je ne suis pas dans les clous que j’espérais. J’ai remporté une course et terminé une fois quatrième. Rien de plus. Ce n’est pas un superbe été. Il n’est pas terminé, mais il a mal commencé », souffle le Castelbriantais.
« Ce sont les aléas des courses. Aujourd’hui, il faut un agent. Je n’en ai pas. Comme je ne cours pas beaucoup, je ne suis pas vu. Je suis déçu, car j’exerce le métier pour porter la casque et aller aux courses. » Julien Lavainne tentera de se rassurer le 3 septembre prochain, à Laval (Mayenne). « J’ai préparé le cheval pour cet engagement. J’ai déjà gagné avec. C’est une belle chance. Il ne faudra pas se louper. » Un succès permettrait au pilote de se regonfler le moral à bloc.
Crédit Photo : ©Julien Lavainne