Du 26 au 29 août derniers, étaient organisés les championnats France Dressage, dans le grand manège du Pôle européen du cheval au Mans. Et cette année, l’événement a rencontré un incontestable succès : ce ne sont pas moins de 167 chevaux et poneys qui ont été présentés. Un véritable record. Mieux encore : nombreux sont ceux qui ont su séduire les juges français et étrangers, leur laissant ainsi affirmer que l'élevage tricolore de chevaux de dressage n'a de cesse de s'améliorer.
Les foals mâles ont été les premiers à entrer en scène pour ces championnats France Dressage. Parmi les vingt-trois concurrents, Rumi de St. Jean s’est distingué et a réalisé la meilleure prestation, notée à 84,90, en obtenant notamment un 10/10 au trot et, par la même, le titre de champion de France. Bien sage, le fils de Secret trottait à côté de sa mère, Mantra de St. Jean, une jument lusitanienne par Spartacus CSM, l’un des meilleurs reproducteurs du Portugal. Son éleveuse, Christine Nevejan, a d’ailleurs également vu deux autres de ses produits classés chez les femelles : Roma St. Jean (For Romance II), qui se classe quatrième de cette catégorie, et Roufka de St. Jean (Secret), sixième. Toutes les deux sont issues de mères lusitaniennes. Un croisement que Christine Nevejan apprécie particulièrement pour le modèle et la facilité sous la selle.
Le très élégant vice-champion de France vient quant à lui du Haras de Prevel, dans le Calvados. Inscrit au stud-book Selle Français, London de Prevel (Smart) est même le meilleur foal Selle Français de cette épreuve. Sa mère, Finesse du Hans (Fürstenball), a été sacrée championne de France en CL1 à l’âge de quatre ans.
Chez les femelles, c’est La Dolce Vita des Ham (Fürstenball) qui a été élue reine de sa catégorie. Elle obtient d’ailleurs la meilleure note attribuée chez les foals : 87,95. Sa naisseuse, Deborah Smith, qui gère une exploitation agricole à Saint-Amand près de Saint-Lô, a également fait naître la mère de cette championne, Lullaby des Ham (Morricone), qui descend de la jument KWPN Z Resia, une sœur utérine de Dream Boy.
Just Perfect du Parc passe à un rien de la perfection
Avec l’excellente note de 91,35, le Selle Français Just Perfect du Parc n’a laissé aucune chance aux autres mâles de deux ans et a prouvé qu’il portait bien son nom. Notamment grâce à sa belle robe noire et sa locomotion, qui ont su séduire juges et spectateurs. Le jeune entier, aujourd’hui propriété des écuries Saint Val, est né chez Philippe Ferrand et descend de Diamond de Saint Val (Don Juan de Hus). Sa mère, Samba du Parc, a aussi produit l’étalon Selle Français Einstein du Parc.
Le titre de vice-champion de France revient à Jetset de Saint Val, un petit-fils de Don Juan de Hus par son père, Emotion de Saint Val, que les écuries Saint Val ont vendu à Attie Eisma. Juventus Mercoeur (Fürstenball x Sandro Hit), né chez Marine Ferté et Guillaume Gautier, complète ce podium avec 82,15.
Chez les juments et hongres de deux ans, Jedi Girl KXL (Janeiro Platinum) présentait un très bon trot ainsi qu’un très bon pas. Avec la note de 89,15, elle prend la tête du classement. Elle est issue de l’élevage Serneels, qui s’était déjà fait remarquer l’année dernière avec High Hope KXL, championne des juments et hongres de 3 ans en liberté. Marina Caplain Saint André a quant à elle pu se réjouir de la deuxième place de sa jument Santana of Champ (Secret x Sandro Hit). « Elle a de la présence et trois belles allures. Le choix de Secret était le pur hasard. J’avais encore droit à la semence », explique l’éleveuse.
Swarowski de Brevam et Maxime Collard montrent l’exemple
Chez les trois ans mâles, Daft Punk des Baïsses (Dancier x Vivaldi) a attiré tous les regards et convaincu les juges, qui lui ont attribué les meilleures notes lors de l'épreuve en liberté (87,90). Né chez Pierre Baïssus, Frédérique et Nicolas Commenge reviennent sur quelques détails du parcours de ce champion : « Nous l’avons acheté foal. Il avait tellement de qualités que le stud-book du Hanovre lui avait décerné une médaille d’or. » À la deuxième place, c’est Fürst Mond Drimco (Fantastic x Cavan Blue Hors), né chez Diane Riggaz, qui s’est imposé. À noter que, dans l’épreuve montée, il se classe sixième.
Troisième lors de l’épreuve en liberté, Filosophe de Malleret (Flinstone x Fürstenball) a fait bonne impression lors de l’épreuve montée, sous la selle d’Alfonso de la Chica Parras, cavalier du Haras de Malleret, et se classe deuxième. « C’est un exemple de ce que l’on veut voir », affirmait Bernard Maurel, juge durant ce concours.
La présentation de Swarowski de Brevam (Secret x Rubin Royal) sous la selle de la cavalière française olympique Maxime Collard, a été récompensée d’un très beau score de 91,50. Une chose est sûre : le couple en a mis plein la vue au jury ! Bernard Maurel le reconnaissait d’ailleurs : « C’était un travail exemplaire ! » Swarowski est né chez Sophie Broucke, qui a acheté la mère, Regency, à l’âge de onze ans comme poulinière.
Notorious brille dans les trois ans
Chez les trois ans hongres, Notorious (For Dance x Herzensdieb) reçoit la meilleure note lors de l'épreuve en liberté : 89,55. Avec une locomotion ample et pleine de force, le jeune hongre s’est présenté d’une manière souveraine. Emmanuelle Plee, qui gère le centre équestre Fontay près du Mans, a acheté Notorious foal chez son éleveur, le Néerlandais Gerrit Bras, installé en Mayenne. À noter que le noir pangaré n’a pas été présenté monté.
Thor de Hus, deuxième de l’épreuve en liberté, conclut ce week-end en étant désigné meilleur hongre de l’épreuve montée, sous la selle de Gonzalo Rodriguez Diaz et récole la très bonne note de 88,75. Xavier Marie en est le naisseur et le propriétaire.
Du côté des juments, Toutim de la Reine (Tolegro x De Niro), née chez Martine Garnault, s’est révélée très chic. Après avoir gagné l’épreuve en liberté (avec 83,10), elle remporte aussi l’épreuve montée (avec 80,75), durant laquelle elle a été un peu délicate. Mais son cavalier, Guillaume Recoing, a très bien su gérer la présentation devant les juges, qui ont attesté à Toutim un bel avenir dans la discipline du dressage.
L’élevage français de chevaux de dressage sur la bonne voie
Cette année, du côté des officiels de la compétition, François Fischesser, Bernard Maurel et Marc Besnainou, ont été rejoints par la juge danoise Iben Stroem. Et pour la première fois, le Dr. Wolfgang Schulze-Schleppinghof, le nouveau président du stud-book Oldenburg, ainsi que le juge Gerd Sickinger, ont fait le déplacement d’Allemagne. Les juges, tous experts de haut niveau pour juger de jeunes chevaux, ont été unanimes : la qualité des chevaux s’améliore. Le juge allemand Gerd Sickinger remarque d'ailleurs que « les poulinières, en France, malgré le fait qu’elles ne soient pas nombreuses, sont capables de produire de très bons chevaux pour la discipline du dressage. Certains pourraient même concurrencer les chevaux allemands ! Il y vraiment de l’espoir pour le dressage français. Le croisement des étalons demi-sang avec des juments lusitaniennes est intéressant. J’ai vu beaucoup de poulinières avec une locomotion expressive et bien cadencée. » Bernard Maurel, qui n’avait plus jugé pour France Dressage depuis quelques années, est également positif : « J’ai constaté une amélioration fantastique. Les chevaux sont notamment très bien préparés. La France est sur le bon chemin pour produire des chevaux de dressage. Toute l’équipe de France Dressage est très motivée. » Pour sa part, François Fischesser constate que « les deux juges allemands ont été positivement étonnés des chevaux présentés. Nous, juges français, sommes à l’écoute de leurs commentaires. Il est important d’avoir un échange pour que l’on puisse travailler et évoluer dans le même sens. » L’élevage français de chevaux de dressage semble donc en très bonne voie.
Sabine Mottet
Crédit Photo : © S.M
Source : L'Eperon