Respecter les traditions et être en phase avec le monde d’aujourd’hui. C’est le défi quotidien de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et du Cadre noir à Saumur. Ajoutez à cela, le bien-être animal, vous trouverez alors Michel Charrier sur votre chemin. Le maître sellier, meilleur ouvrier de France en 1994, s’intéresse à cette question depuis une dizaine d’années. Dès qu’on a compris qu’on attend plus de l’acceptation que la soumission de la part du cheval, il y a eu une évolution qui va beaucoup plus loin
, lance-t-il. Améliorer le confort de l’animal, c’est ce qui motive l’artisan et une campagne de financement participatif.
« Que les gens s’intéressent et s’investissent »
Lancée sur le site helloasso.com depuis le 4 octobre, celle-ci vise à financer la fabrication de deux selles à piquer d’un coût total de 24 000 €. C’est la troisième fois que l’IFCE sollicite le soutien du public après les rencontres de l’équitation de tradition française (2014) et l’acquisition d’un livre ancien de Salomon de La Broüe (2017). On n’est pas dans l’intention première de récolter de l’argent
, prévient Frédérique Mercier, responsable de la communication du Cadre noir. Pour nous, l’objectif est de communiquer auprès du grand public, que les gens s’intéressent et s’investissent pour préserver ce patrimoine.
Acceptés jusqu’au 30 novembre prochain, les dons sont déductibles d’impôts à hauteur de 66 %.
Une selle à piquer de tradition française.
Un projet de 15 selles de près de 170 000 €
Ils serviront à relancer la filière sur les sept prochaines années. Le projet prévoit en effet la fabrication de 15 selles pour un montant global de 168 190 €. Un investissement coûteux du fait du choix des matériaux et du temps de réalisation. Pour un artisan confirmé, il faut compter cinq semaines de travail
, évalue Michel Charrier. Dans son atelier à La Roche-sur-Yon, ce dernier livre un travail de haute couture avec deux autres artisans sur du cuir de bovins avec une finition particulière de type nubuck. C’est un cuir pleine fleur qui est légèrement poncé, ce qui lui donne ce côté velouteux
, ajoute-t-il.
L’origine de la selle à piquer proviendrait de la Renaissance mais c’est sous Louis XIV que l’on peut vraiment parler de tradition française
avec des clous de selle très codifiés, des techniques et un langage propres. D’où vient l’origine du mot piquer
? Pour piquer avec la lance dans les tournois de chevalier
, nous glissent les initiés.
Respecter les traditions et être en phase avec le monde d’aujourd’hui. C’est le défi quotidien de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et du Cadre noir à Saumur. Ajoutez à cela, le bien-être animal, vous trouverez alors Michel Charrier sur votre chemin. Le maître sellier, meilleur ouvrier de France en 1994, s’intéresse à cette question depuis une dizaine d’années. Dès qu’on a compris qu’on attend plus de l’acceptation que la soumission de la part du cheval, il y a eu une évolution qui va beaucoup plus loin
, lance-t-il. Améliorer le confort de l’animal, c’est ce qui motive l’artisan et une campagne de financement participatif.
Le bien-être animal
Historiquement, la selle est très lourde : près de 25 kilos. Le travail de Michel Charrier et des selliers a permis d’alléger la charge de 14 kg, il y a 8 ans. La première étape a été de changer les arçons, la base de la selle, qui étaient trop académiques. En partant de trois arçons différents, on a réalisé un prototype mis en service par l’écuyer Vincent Pottier
, raconte Michel Charrier. L’autre aspect déterminant a été le changement de matériaux. On a remplacé la bourre par des mousses. Le panneau qui fait la transmission entre le cavalier et le cheval a été réalisé avec une mousse alvéolée 3D. C’est assez révolutionnaire
, poursuit-il. Ce lifting n’est pas définitif. D’un air soucieux, le meilleur ouvrier de France confie : On peut encore réduire le poids au niveau de l’arçon
. Et améliorer un peu plus le confort de l’animal.
Dans l'atelier de Michel Charrier à la Roche-sur-Yon.
Michel Charrier, le menuisier devenu maître sellier
Il incarne aujourd’hui un modèle de préservation et de transmission du patrimoine équestre français. Mais Michel Charrier n’a rien à voir avec le monde du cheval. Titulaire d’un CAP de menuisier ébéniste, il entre aux Haras nationaux à la Roche-sur-Yon à l’âge de 22 ans. Je n’y connaissais rien au départ. J’ai appris beaucoup grâce à Brice Arnoux qui m’a transmis oralement son savoir-faire
, témoigne-t-il. À 27 ans, on lui demande de fabriquer tout seul des harnais de gala. En 1994, il devient meilleur ouvrier de France. Une reconnaissance qui va accélérer son rôle de formateur. Lorsqu’il n’est pas dans son atelier en Vendée, il véhicule ses gestes et connaissances aux élèves sur les sites du Pin et à Saumur, dont Pascal Courvoisier.
Une vente aux enchères exceptionnelle le 3 novembre
Initialement prévue le 25 septembre, une vente aux enchères exceptionnelle au profit des actions du Cadre noir pour la valorisation de l’Équitation de tradition française aura lieu mercredi 3 novembre à 14 heures chez Deloys-La Perraudière à Saumur. Parmi les objets présentés figurent une pièce de haute joaillerie réalisée par Sandra Biloé, un encadrement une photographie encadrée d’Alain Laurioux, des éperons dorés, un étrier à la française, une cravache à trois viroles ainsi qu’une selle à piquer du Cadre noir. S’inscrire sur le site interencheres.com.
Franck DE BRITO
Crédit Photo : Le Courrier de l'Ouest / IFCE
Source : Le Courrier de l'Ouest, Ouest France