Entre le Mondial du Lion et Nicolas Touzaint, l’histoire s’est écrite de bonne heure. Avec le tonton, Thierry Touzaint, actuel sélectionneur national de concours complet, déjà présent en 1986, 1989, 1991 et 1992, avec Jean-Yves, le papa en 1989, 1990, 1991, 1995. À la maison, le Mondial est un invité permanent que l’on chouchoute, que l’on dorlote. Alors, forcément… Le petit Nicolas l’a en lui.

Pour des débuts précoces avec une première apparition en 1999, à 19 ans, sur Égoïste II et une 8e place à la clé pour, à 20 ans, l’année suivante, un premier titre avec le mythique Galan de Sauvagère en 6 ans, après une première participation aux Jeux olympiques à Sydney en 2000. Et le doublé inédit l’année suivante !

Depuis, entre le Mondial du Lion et Nicolas Touzaint, l’histoire d’amour ne se dément pas. Seize participations, la 17e cette année, des titres, des podiums, une succession de chevaux digne d’un poème de Prévert : Hidalgo de L’IsleTatchouLesbosJoker d’HelbyTzinga d’AuzayZonlicht et tous les autres jusqu’à Diabolo Menthe, un 8 ans avec lequel le cavalier a décroché le bronze l’an passé après un superbe dressage, un cross maîtrisé et une barre au CSO. Un cheval que le cavalier compte encore dans son piquet : « Diabolo vient de prendre la 3e place de son premier 4* à Lignières, savoure Nicolas Touzaint. J’ai beaucoup d’espoirs avec lui. Trouver de jeunes chevaux, les former, les amener au plus haut niveau possible, fait partie de mon boulot. »

Déménagement des écuries

Depuis son retour de Tokyo, Nicolas Touzaint n’a guère eu le temps de souffler. « L’année a été très chargée, souffle le cavalier de 41 ans. J’ai déménagé mon haras de Saint-Clément-de-la-Place à Bécon-les-Granits, on s’est préparé l’année dernière pour les Jeux avant d’apprendre 3 mois avant que tout était annulé… Il a fallu reprendre le travail et la préparation avec mes deux bouts d’choux de 4 ans et 18 mois qui grandissent… »

Le regard complice de Nicolas Touzaint, avec son cheval, Fibonacci De Lessac.

Avec aussi des compétitions qui ne cessent de s’enchaîner depuis Tokyo : le Grand Complet du Pin en août, le CCE jeunes chevaux à Vannes début septembre, le Grand National du Pin dans la foulée puis la Grande Semaine de Pompadour et le Concours International de Lignières début octobre… « Normalement après le Lion, je prends une semaine de vacances en famille puis je reste au Haras, histoire de régler les derniers détails du déménagement avant de recommencer à monter en janvier. »

« Fibonacci a un gros potentiel »

Cette année, Nicolas Touzaint sera une nouvelle fois au départ de l’épreuve lionnaise, avec Fibonacci de Lessac, un 6 ans, « que je travaille depuis septembre 2020, précise le champion olympique par équipe à Athènes en 2004. Un jeune cheval au gros potentiel, avec d’énormes qualités au-dessus de la moyenne. » Avec aussi les restrictions habituelles pour des chevaux de cet âge : « Le complet, il ne connaît pas trop. Forcément, au Lion tous les 6 ans sont en découverte, avec la foule, le bruit, le parcours de cross qui réserve des surprises. Mais c’est un cheval très compétitif, si ça passe… De toute façon, l’année prochaine, il sera meilleur, il aura progressé. » Et Nicolas Touzaint de poursuivre : « Mais cette année au Lion, c’est un premier vrai test, même si je ne sais pas trop où j’en suis avec lui par rapport à son manque d’expérience. Au Lion pour ces jeunes chevaux, il faut surtout gérer l’émotion. Pour la première fois ils rencontrent autant de monde, de bruit. On ne sait ce qui peut se passer. Mais c’est aussi un passage obligé pour l’éducation, l’apprentissage ».

Un apprentissage qui a permis de grandir à bon nombre de chevaux qu’on retrouve au plus haut niveau des compétitions internationales. Parmi eux, qui ont marqué le cavalier français, Toledo de Kerser, monté par Tom Mc Ewen, le pilier du complet britannique (2e au Lion à 7 ans, en 2014 et avec qui l décrochera l’or par équipe et l’argent en individuel à Tokyo), et Sam, l’emblématique monture de l’allemand Michael Jung, (2e au Mondial en 2006 et 2007 et médaille d’or à Londres en 2012 et à Rio en 2016). En souhaitant un avenir aussi radieux au nouveau protégé du cavalier béconnais.

 

Philippe CALVEZ

Crédit Photo : FRANÇOIS MAISONNEUVE


Source : Ouest France