Si, comme beaucoup, vous avez profité de la météo on ne peut plus clémente de la semaine passée pour vous rendre dans le Parc Départemental de l'Isle-Briand, au Lion d'Angers (Maine-et-Loire), afin d'assiter à l'édition 2021 du Mondial du Lion, il vous a sans doute été donné la chance d'apercevoir à l'oeuvre un certain Alexis Goury. Un cavalier français de complet de tout juste 26 ans, considéré comme l'étoile montante de cette discipline réunissant dressage, cross-country et saut d'osbtacles, et dont la toute première participation à ce Championnat du Monde des chevaux de 6 et 7 ans s'est soldée par une très bonne 19ème place (sur 58 participants, ndlr) au classement général des 7 ans, en selle sur Elastic Girl Blanche. Une belle jument grise par Canturo et d'une mère issue de Banboula du Thot, façonnée au quotidien dans son établissement de Morannes-sur-Sarthe (Maine-et-Loire), le Haras d'Ecorse, où il a élu domicile depuis un an maintenant.
Le Haras d'Ecorse, vu depuis le ciel de Morannes-sur-Sarthe, dans le Maine-et-Loire
Une structure s'étendant sur quelques dix hectares, dont huit de prairies, idéalement située entre Le Lion d'Angers et Durtal, également pourvue d'un marcheur six places, de 33 boxes, d'une carrière 70x30, d'un manège 40x20, d'une vingtaine de paddocks sécurisés, d'un rond d'Havrincourt, d'un rond de longe et d'une piste de galop de 800 mètres en sable. Autrement dit, l'endroit idéal pour préparer des chevaux de selle... mais aussi de courses ! Car Alexis Goury et son équipe 100% féminine, composée de sa compagne, Fanny Hamelin-Boyer, mais aussi de Solenn Bouju et Claire Septier, se sont effectivement lancés il y a peu dans le débourrage/pré-entraînement, ayant notamment eu sous leur férule quelques protégés d'Étienne & Grégoire Leenders ou encore de Robert Collet. Parmi eux, le bon Foreign Flower, entraîné par ce dernier, et probant lauréat du Prix Prince d'Ecouen (L.) à Auteuil il y a dix jours, qui est passé par leur structure angevine le temps de son absence des programmes (de juin 2020 à septembre 2021, ndlr) afin de se refaire une santé et regagner en condition physique avant de repartir à l'entraînement.
Foreign Flower, vainqueur du Prix d'Ecouen (L.) cet automne à Auteuil, et passé au pré-entraînement à l'écurie d'Alexis Goury
Au départ, rien ne prédestinait Alexis Goury à évoluer dans le milieu du cheval, comme il nous l'a expliqué il y a quelques jours, lors d'une matinée ensoleillée, dans son établissement angevin: "Avec des parents poissonniers de profession, on ne peut pas vraiment dire que je suis issu du monde du cheval (rires) ! Mais ma tante (Sophie Masson) avait un centre équestre (le Val Kalypso) dans le Val-d'Oise, d'où je suis originaire, et qui n'était qu'à 10 minutes de chez moi. J'ai donc commencé à monter à cheval lorsque j'avais 8 ans. J'y allais souvent mais je n'aimais pas vraiment ça au début. Et puis, à force de faire des balades et commencer à sauter des obstacles, cela a commencé à me plaire de plus en plus. Je montais deux fois par semaine, mais ce qui m'intéressait surtout, c'était les compétitions le week-end... quitte à ne même pas monter la semaine justement (rires) ! Mais bon, cela restait malgré tout la condition pour que je puisse sortir en concours. C'est de là que tout est parti".
Alexis Goury, en pleine séance saut d'obstacles avec une pouliche de 3 ans appelée à s'illustrer en concours complet
Une fois son bac S en poche, Alexis Goury est ensuite entré un an au service de Frédéric de Romblay, dans son écurie de Gouvieux (Oise), puis chez Eddy Sens, installé non loin à Pontarmé. Deux professionnels de renom dans l'univers du concours hippique, dont le premier nommé a d'ailleurs formé un certain Dominique Boeuf, ancien crack jockey et quadruple Cravache d'Or en France, au rudiment du saut d'obstacles, et accueilli quelques protégés de Robert Collet au débourrage ou pour de la remise en confiance avant de retourner à l'entraînement. C'est donc chez ce même Frédéric de Romblay que notre jeune débourreur/pré-entraîneur a pu faire la connaissance du metteur au point des cracks Last Tycoon, Le Glorieux, Whipper, Immortal Verse et autre Chimère du Berlais, dont l'une des filles, Camille, monte elle aussi à bon niveau en concours complet. Il se souvient: "Chantilly, Lamorlaye, Gouvieux... Ce sont vraiment de supers endroits pour rencontrer des gens du monde des courses. C'est d'ailleurs à ce moment-là que j'ai eu la chance de faire mes premiers "canters" et ainsi mettre un premier pied dans cet univers. Mais je n'imaginais pas du tout que j'y mettrais le deuxième quelques années plus tard".
Alexis Goury, en plein canter avec un poulain de 3 ans qui devrait rejoindre d'ici peu Chantilly et les boxes de Robert Collet
Car après avoir intégré l'école équestre de Saumur et le Pôle France Jeunes, où il a obtenu trois diplômes (monitorat, diplôme d'entraîneur et instructorat) et pu participer à de grandes compétitions internationales associé à son fidèle Trompe L'Oeil d'Emery, avec qui il a notamment décroché l'or par équipe et le bronze en individuel lors des championnats d'Europe pour Jeunes Cavaliers en 2016, Alexis Goury a jeté son dévolu sur une structure angevine propice à la préparation des chevaux de complet, mais aussi de courses. Il nous raconte: "Quand je me suis lancé à mon compte en 2018, je résidais à Saumur, au sein même de l'École Nationale d'Équitation, où j'avais quelques boxes et les installations à disposition. J'y suis resté deux ans, ce qui m'a permis de me lancer, de commencer à constituer un petit carnet d'adresses, et surtout de présenter deux bilans aux banques afin d'avoir les fonds nécessaires pour acheter ma propre structure. En cherchant sur le net, on en a trouvé une disponible à Morannes-sur-Sarthe, où nous sommes actuellement, et qui correspondait à notre budget ainsi qu'à une bonne majorité de nos critères, bien qu'il nous ait fallu effectuer quelques travaux de réfection malgré tout. Elle appartenait à Aurélien Khan, un autre cavalier de complet également débourreur/pré-entraîneur de chevaux de courses. La préparation des jeunes chevaux dans le complet est quelque chose qui me plaît vraiment : rechercher le meilleur, optimiser leur potentiel... Et j'ai donc décidé d'étendre cette activité aux chevaux de courses".
Séance débourrage avec Fanny Hamelin-Boyer, la compagne d'Alexis Goury
Il ajoute: "Il faut savoir, qu'en tant que cavaliers de complet, il nous faut avoir d'autres activités annexes pour que notre structure devienne rentable. Certains optent pour le poney-club, les écuries de propriétaires, le coaching. Ou le débourrage/pré-entraînement. Ce sont deux activités avec beaucoup de complémentarités, rien que dans la manière de préparer, d'apprendre à galoper et à sauter aux jeunes chevaux. Certes, elles sont aussi "à risques", mais lorsqu'on les connaît, il est déjà plus facile de les accepter. C'est très intéressant de jumeler les deux car cela apporte un "truc" en plus, du fait de découvrir de nouvelles méthodes d'entraînement, de techniques, et personnes. Ce sont des milieux de passionnés qui n'ont de cesse de se rapprocher entre eux. Par exemple, de plus en plus de cavaliers de complet prennent des "bouts" dans des chevaux de courses. Même le DTN (Directeur Technique National) de la discipline, Michel Asseray, a pris une part d'un cheval à l'entraînement chez Robert Collet, Le Chat Botté". Mais aussi avec Augustin Adeline de Boisbrunet sur C'Lartist Maulde, lauréat en 2018 du Grand Cross de Craon (L.).
Le Haras d'Ecorse, un cadre idéal pour préparer chevaux de complet et de courses. Ici, Elastic Girl Blanche, récupérant de son galop de 5.000 mètres quelques jours avant sa participation au Mondial du Lion dont elle terminera 19ème au classement général des 7 ans
Un jeune homme minutieux et travailleur, à la tête d'une structure déjà très..."complète", où une méthode à la carte est proposée à la trentaines de pensionnaires dont lui et son équipe sont repsonsables aujourd'hui. Il conclut: "Actuellement, nous avons deux poulains au débourrage et deux autres au pré-entraînement. L'activité principale reste, à l'heure actuelle, et pour encore longtemps je l'espère, le complet et la compétition. Pour l'instant, j'imagine la répartition à 2/3 de chevaux de concours et 1/3 de chevaux de courses. Avec parmi eux, je l'espère, un futur cheval pour aller jusqu'aux Jeux Olympiques. Et encore plus pour s'illustrer en course et passer le poteau d'arrivée des hippodromes les premiers". C'est en tout cas tout le mal qu'on lui souhaite.
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Crédits Photos : FRANCE SIRE / © APRH
Source : France Sire