« Attention, tu ne rentres pas assez la tête en tombant. » L’élève acquiesce en se relevant du tatami, après sa chute de cheval. Pas un vrai. La monture a bien quatre pattes, deux oreilles et la selle qui va avec. Elle rue même d’un coup sec. Mais le cheval en question est un simulateur de chute.
C’est l’un des stands proposés par la Mutuelle sociale agricole (MSA) de la Mayenne-Orne-Sarthe, dans le cadre de la journée de prévention au travail « Mieux vaut prévenir que guérir », jeudi 18 novembre 2021, à l’Agricampus, à Laval.
La filière la plus accidentogène en Mayenne
« On y accueille 66 élèves du CFA et du lycée agricole de Laval et de la MFR de Craon Hippodrome, détaille Guillaume Godefroy, conseiller de prévention des risques professionnels à la MSA. Ils ont besoin d’être au clair sur les risques qu’ils rencontrent au quotidien et d’apprendre comment s’en protéger. »
Le conseiller s’appuie sur le nombre d’accidents de travail dans la filière équine (1 669 en France en 2018) qui se place en deuxième position du classement des secteurs d’activité accidentogènes.
En Mayenne, entre 2014 et 2018, la filière a été la plus accidentogène chez les salariés agricoles. « C’est pourquoi il faut prendre des bonnes habitudes dès le plus jeune âge », souligne Guillaume Godefroy.
La Mayenne compte 886 salariés dans ce secteur d’activité (entraînement, dressage et discipline artistique) répartis dans 169 établissements, du centre équestre à l’élevage de chevaux.
« On s’entraîne sans se faire mal »
« On passe les trois quarts de l’année en entreprise, raconte Margot Blin, 19 ans, Terminale en bac pro conduite et gestion filière équine au CFA de Laval. Tout peut y être dangereux. C’est normal à partir du moment où l’on travaille avec des animaux. Avec le simulateur de chute, on s’entraîne sans se faire mal, on apprend à mieux chuter, grâce à des trucs simples : bien rentrer la tête, remonter l’épaule pour protéger la nuque. » « On retrouve bien les sensations d’une chute », confirme Alexandre Gnemmi, en 2e année du même bac pro.
Un peu plus loin dans les écuries de l’Agricampus, Amélie Billard anime l’atelier approche du cheval. « Les élèves vont avoir l’impression de bien se comporter avec l’animal, sans percevoir son stress, remarque la cavalière professionnelle. On essaye de leur donner les clés pour acquérir les bons gestes et analyser l’attitude du cheval. »
Près de 30 % des accidents liés aux chutes
En selle, la posture du cavalier va elle aussi influer sur le comportement du cheval. Une autre machine a été mise à disposition des élèves par Éric Bonnot, spécialisé dans la fabrication de simulateur équestre, à Changé. « Ce modèle propose les 3 allures, pas, trot et galop, s’enthousiasme Guillaume Godefroy. En club équestre par exemple, on fait très attention au cheval, c’est normal. Mais ça parasite l’attention que l’on doit porter à sa posture. Ça limite les problèmes de dos et ça permet de mieux gérer le cheval qui va réagir à cette mauvaise position. »
Les chutes de hauteur représentent 29 % des accidents de travail selon la MSA. Les coups donnés par l’animal montent à 39 % des accidents relevés.
Mathieu CHARRIER
Source : Ouest France