Le mythique Jumping 5* de La Baule a tenu ses promesses : un terrain sublime, le soleil malgré les trombes d’eau annoncées, la France 3e d’une Coupe des Nations Suisse-Belgique à fort enjeu, Delaveau dans le Derby, et un Grand Prix dans la poche du couple champion du monde en titre, Simone Blum et DSP Alice, soufflant la victoire sur le fil au champion olympique Steve Guerdat sur Bianca. Olivier Robert l’Aquitain et Vangog du Mas Garnier sont 6e.
Grand Prix : à Simone Blum/Alice la victoire !
Ils étaient quatorze, les tricolores qualifiés pour le Grand Prix de la Baule sous le soleil. Mais un seul réchappera d’un premier parcours qui sera ... sélectif. En cause ? Un obstacle qui demandait une totale entente entre le cheval et son cavalier. Jugez plutôt, laissons parler le grand ordonnateur, Frédéric Cottier : « Le double vert en n°11 aura joué son rôle parce que la distance obligeait à reprendre les chevaux (après la rivière, Ndlr) et surtout parce que le contraste était faible avec du vert sur la pelouse. En tout cas, on a la championne du monde et le numéro un mondial sur le podium, nous n’avons donc rien à ajouter. »
Ils seront 8 au barrage, sur 45. L’homme du week-end, Steve Guerdat est grand favori, engagé avec la fille de Balou du Rouet, Bianca, qu’il a laissé se reposer après son double sans-faute de la Coupe des Nations vendredi. Le Suisse semble imbattable : la veille le champion olympique s’est emparé de la qualif’ avec Flair, une jument par Zirocco Blue. Il y a le Belge Grégory Wathelet également, redoutable avec son puissant Iron Man Van de Padenborre (Darco). La championne du Monde de Tryon, l’Allemande Simone Blum et sa jument DSP Alice (Askari) est une adversaire de taille à ne pas négliger.
Olivier Robert, seul Français qualifié, avec le puissant étalon gris Vangog du Mas Garnier (Windows Vh Costeveld x Quidam de Revel), est follement applaudi ; le couple va prendre beaucoup de risques, leur parcours est splendide, mais une touchette en sortie de double fait baisser la tête à Thierry Pomel… La victoire ne sera pas française : 4 points en 43’’69. Grégory Wathelet le Belge et Iron Man échouent à la dernière barre, l’oxer Longines.
Lorsque Steve Guerdat entre avec Bianca, une salve d’applaudissements l’accueille. Il ne rate pas son rendez-vous : c’est un sans-faute tout en maîtrise, plus rapide (43’’82) que celui de la Britannique Amy Inglis/Wishes (48’’84) et celui de l’Irlandais Darragh Kenny et le Bwp Important de Muze (Erco Van T Roosakker). Il prend la tête au provisoire. Mais une femme en a décidé autrement : l’Allemande Simone Blum et la jument DSP Alice arrachent la victoire, dans une course folle, pour terminer en 43’’33. Au bout du suspense : il reste l’Irlandais Darragh Kenny et Important de Muze, qui donnent tout. En 43’’90 ils s’emparent de la 3e place derrière Guerdat. Ils relèguent Amy Inglis en 4e position, Wathelet en 5e et Olivier Robert en 6e place… Quelle finale !
Coupe des Nations : Suisse, Belgique, France !
Cette première étape de la Coupe des Nations sur la belle piste en herbe de La Baule voit s’illustrer trois nations, une Suisse victorieuse et une Belgique qui ne lâche rien coude à coude, et les Français, qui, écrasés par la pression en première manche aligneront trois parcours parfaits lors de la seconde.
La Baule était la rencontre de tous les défis. Pour Thierry Pomel, vice-champion du monde par équipe aux Jeux Équestres Mondiaux de Rome en 1998 avec son fidèle Thor des Chaînes, entraîneur national depuis mi-janvier, qui y entame ce nouveau chapitre de sa carrière avec la mission de qualifier la France aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. « Cela ne va pas être une année tranquille », confirme-t-il. Une qualification qui pourra s’obtenir lors des prochains championnats d’Europe à Rotterdam, en août prochain, ou lors de la finale Longines FEI Jumping Nations Cup™ à Barcelone, en octobre. Pour ce premier round, l’entraîneur national avait choisi de s’appuyer sur Nicolas Delmotte/Ilex VP, Alexis Deroubaix/Timon d’Aure, Pénélope Leprevost/Vancouver de Lanlore et Thierry Rozier/Venezia d’Ecaussinnes. Et rien n’est dû au hasard chez Thierry : ces cinq-là, ils les a mis au parfum déjà en janvier, car sa stratégie était qu’ils s’y préparent, et c’est ce qu’ils ont fait : « Ils ont amené leurs chevaux comme il fallait et quand il le fallait, et ils ont monté de façon magistrale ». Petit bémol, le cheval d’Alexis Deroubaix stressé par l’ambiance, les tribunes... c’est un cheval qui a observé une longue période de repos, on le sait très sensible et très qualiteux. Il faut qu’il retrouve son niveau tranquillement ».
Pour les organisateurs de La Baule, et le maire Yves Metaireau, dont c’est la dernière année de collaboration qui en a compté 25, qui ont refait la piste en herbe à neuf. Pari gagné.
Pour Frédéric Cottier, le chef de piste, dont les parcours de la coupe des Nations, qu’il a voulus « fluides, sans trop de difficultés techniques, car il y a deux manches, et un barrage est toujours possible », ont été loués par le champion olympique, héros de cette coupe des Nations : « Ces parcours ont toujours été dans le sens du cheval, très délicats et proposant toujours des solutions pour le cavalier. Il n’y a pas tant de parcours où l’on peut se faire plaisir de par le monde ! ».
Pour les douze cavaliers de ces trois nations enfin. Particulièrement des cinq doubles sans-faute. Steve Guerdat d’abord, qui avouera que ce fut difficile pour lui, Bianca ayant connu un long repos (dont le parcours à Windsor ne s’était pas bien passé), mais qui l’a retrouvée au mieux de son talent. La Suisse n’avait pas gagné à La Baule depuis dix ans, et Steve remet les pendules à l’heure : « Ce n’est pas si simple de gagner une coupe des nations, il faut savourer ces moments-là. » Le Suisse Niklaus Rutschi ensuite, 53 ans, qui avoue n’avoir pas dormi de la nuit, dont le cheval, Cardano CH (Chameur et A Quelle Heure CH), son complice depuis qu’il est poulain, a aligné le double sans-faute, alors qu’il sort d’une grande pause pour blessure. Le chef d’équipe suisse confirme qu’il a là « le meilleur cheval de sa vie. » Thierry Rozier, l’homme fort de l’équipe de France aux scores vierges de Venezia d’Ecaussines, comme Niels Bruynseels et Utamaro d’Ecaussines, deux chevaux sBs. Pedro Veniss enfin, et le SF Quabri de l’Isle, qui ne pourra sauver son équipe, victorieuse l’an dernier, première coupe des Nations guidée par Philippe Guerdat.
4e Derby à Delaveau et Vestale de Mazure HDC
Le traditionnel Derby de la Baule ? 26 couples aguerris, un record, sous un vent frisquet de mars et un soleil pâle, ont affronté 22 obstacles à 1,45 m, dont la célèbre butte et le gué, répartis sur toute la surface de la belle piste en herbe bauloise. Le premier à s’y frotter est le Suisse Romain Duguet et le SF de 9 ans, Alldream de la Cense, il se piquera (24 points) aux difficultés de l’exercice ! Côté français, c’est Olivier Guillon qui ouvre les hostilités en numéro 2 avec l’étalon SF de 9 ans Andain du Talie*Mail. Le Champion de France des 5 ans en 2015 passe fin 2018 sous la selle d’Olivier (et les GP 1m50). Le couple pourtant donna tous les signes d’une complicité parfaite, et boucle un sans-faute presque facile, et dans les temps.
Il sera le seul sans-faute avec Patrice Delaveau, 6e au départ avec Vestale de Mazure HDC, follement applaudis par le public. Vestale, habillement menée, ne se dérobe pas, elle y va en totale confiance. Elle fera mieux qu’Andain et l’emporte. Le naisseur de Vestale de Mazure est Patrick Delarche, éleveur à St Maur dans l’Oise. Ç’est au Petit Hautier que Vestale a été conçue après une insémination de sa mère Mildam de Mazure avec le Oldenbourg Landor S. Elle a fait ses classes avec Axel Van Colen avant de rejoindre Patrice en 2017, après sa victoire au CSI** de Mantes La Jolie. Bonne pioche !
Troisième, le plus rapide des quatre points, l’Irlandais Mark Mac Auley et le beau gris SWB Miebello, privant de podium Steve Guerdat et Evita; il nous offrit un moment poétique en sautant le gué comme s’il s’agissait d’un obstacle, en trois bonds surprenants… Le gué en effet posera des problèmes à de nombreux chevaux, tétanisés… Certains cavaliers ne purent rien y faire, d’autres, comme l’Italien Luca Maria Moneta, purent rassurer leur compagnon, lui faire traverser le gué doucement, et faire un clin d’oeil à la foule !
Patrice Delaveau, avoue qu’il prépare ce Derby depuis deux mois pour donner au cheval un rythme de marathonien : « On travaille le galop de manière plus poussée. A la reconnaissance, j’ai trouvé le Derby un peu plus difficile. Le tracé a changé. J’ai dû calmer le jeu à mi parcours, je l’ai sentie fatiguée. Je suis vraiment heureux de remporter une des trois épreuves majeures du week-end. »
C. Robert
Source et photo : Le Cheval