Président du Pôle européen du cheval, Philippe Rossi défend le projet d’usine de méthanisation qu’il porte avec une douzaine d’agriculteurs des environs.

Le pôle européen du cheval produit plusieurs centaines de tonnes de fumier par an. Chaque semaine, ce fumier est acheminé vers les champignonnières de la région de Saumur. Malheureusement la demande est de moins en moins importante, du fait de la diminution du nombre des champignonnières.

Le projet d’une centrale de méthanisation s’est esquissé en 2019. En lisant un article, Philippe Rossi, président du pôle européen du cheval, découvre que la méthanisation est un moyen de tirer parti du fumier en en extrayant son gaz. Sauf que le fumier seul ne peut produire du gaz, il faut pour cela y ajouter un assemblage agricole ou industriel.

« Plutôt que d’acheter du gaz en Russie, nous allons fabriquer notre gaz avec nos déchets »

L’entreprise collective avec des personnes concernées du coin, que le chef d’entreprise connaît plus ou moins se dessine. Une réunion est engagée avec une cinquantaine d’agriculteurs, Engie, le Conseil départemental et régional, chacun pouvant apporter son aide et son expérience. Une étude est lancée, afin d’étudier l’assemblage des matières. Quatorze personnes dont douze agriculteurs s’associent à l’aventure. Après étude, il en ressort que le process marche, le groupe est constitué.

Philippe Rossi propose un de ses terrains qui est disponible et assez grand pour recevoir l’installation. Mais c’est sans compter sur une loi Barnier qui interdit la construction à moins de 100 mètres d’une autoroute. C’est une zone agricole et zone humide donc pas compatible, le permis ne peut être accepté.

Engie va alors accompagner ce projet. Une recherche de terrain dans un rayon de quinze kilomètres, proche d’un raccordement au réseau gaz, est effectuée, sans succès. C’est alors que trois agriculteurs du groupe proposent chacun un terrain. Le seul qui soit compatible est celui de Courcebœufs, d’une superficie de cinq hectares.

Une rencontre est organisée à la Communauté de Communes Maine Cœur de Sarthe, en présence de Michel Lalande Maire de La Bazoge, responsable développement durable et spécifique méthanisation, et Dominique Dorizon maire de Courcebœufs. Contrairement à Yvré-l’Évêque, nous avons ressenti des gens à l’écoute précise Philippe Rossi.

« Un site de méthanisation digne de ce nom ne sent pas »

Pour autant, la question des nuisances reste posée. D’où le souci des promoteurs de rassurer : Nous avons adressé un courrier à toutes les personnes présentes à la réunion des voisins, afin de les inviter à visiter un site de méthanisation, à ce jour aucune personne n’a répondu, même par la négative insiste Philippe Rossi.

Et de poursuivre : « J’ai personnellement visité une quinzaine de sites de méthanisation dans toute la France. Contrairement à ce que j’ai pu entendre, un site de méthanisation digne de ce nom, ne sent pas. La matière appelée digestats est plus riche, elle n’est plus odorante puisque les gaz ont disparu, c’est plus vert et plus compatible avec la culture. Cent tonnes traitées redonnent 90 tonnes de digestats liquide et solide. La FFE (Fédération Française d’Equitation) basée à Lamotte-Beuvron, possède une unité de méthanisation, juste à l’entrée de la ville et à proximité d’une école, tout se passe parfaitement bien ».

« Demain, quand on épandra, ça ne sentira plus mauvais »

Des unités de méthanisation qui fonctionnent bien, voilà ce que promettent Philippe Rossi et ses associés. Plutôt que d’acheter du gaz en Russie, nous allons fabriquer notre gaz avec nos déchets. Le permis de construire est déposé, il y a 8 mois d’étude et nous avons 8 mois pour discuter et rassurer les personnes qui sont contre le projet. Nous nous devons d’être bien dans les règles, nous ne voulons pas embêter les gens. On prendra le temps qu’il faut et on fera ce projet avec leur approbation. Nous ne sommes pas des industriels, nous sommes des agriculteurs, il nous faut être vertueux. Aujourd’hui quand on épand ça pue et ça embête les voisins, demain ils épandront la même chose et ça ne sentira plus mauvais.

Nous n’avons pas choisi ce terrain par hasard ​conclut Philippe Rossi.

Nous avons sollicité la communauté de communes Maine Cœur de Sarthe, afin qu’elle s’exprime sur ce sujet, sans réponse à ce jour.


Source: Ouest-France