La gestion d’un centre équestre est complexe de par la diversité des activités proposées par ces entreprises et des tâches qui en découlent. Le gérant doit non seulement assurer ses prestations, mais aussi gérer sa cavalerie, ses clients, ses collaborateurs et suivre quotidiennement la gestion administrative de sa structure. Cette accumulation de tâches est la raison pour laquelle ce métier est exigeant en termes de travail et laisse souvent peu de temps disponible à ses gérants. Le Bilan Travail est un outil d’autodiagnostic qui permet de faire le point sur son fonctionnement et évaluer la souplesse de travail de l’exploitant. Si la majorité des exploitants a une surcharge de travail, certains ont mis en place des solutions qui leur permettent d’optimiser leur travail ; elles sont partagées par l’équipe du Réseau Équin.
Le Réseau Équin est un réseau national, multi-partenarial qui existe depuis 2007, constitué de l’Institut de l’élevage, des Chambres d’agriculture, des Conseils des chevaux, de l’IFCE et financé en partie par le Fonds Éperon.
Ce réseau réunit 15 conseillers spécialisés équins qui suivent 128 exploitants volontaires. Ce sont des structures installées depuis plusieurs années, reconnues par leurs pairs, viables et dont les exploitants ont la volonté de partager leur savoir-faire.
L’objectif est d’améliorer l’expertise de la filière équine et d’accompagner le développement de cette filière.
Le Réseau Équin met à disposition des outils et des repères pour réfléchir au fonctionnement des systèmes et les faire évoluer. De nombreux documents techniques sont produits :
•Synthèses nationales annuelles
•Études thématiques : cas types, monographies, études sanitaires, études bâtiments…
•Journées techniques
•Outils de diagnostic : calcul du coût de production d’une heure d’équitation, dimension travail depuis 2 ans
Le Bilan Travail est une méthode mise en place par l’Institut de l’élevage et l’Inrae depuis plusieurs années et qui est largement utilisée dans les autres productions.
Dans le Réseau Équin, environ 85% des centres équestres emploient des salariés qui représentent plus d’un tiers des charges de structures. C’est un poste de charges très important, il est donc essentiel de l’optimiser.
Cette méthode traite de l’organisation du travail sur une année dans l’entreprise et prend en compte :
•La main d’œuvre (qui ?)
•Les différentes tâches (fait quoi ?)
•Réalisées à telle ou telle période (et quand ?)
Deux types de travaux sont identifiés :
• Le travail d’astreinte (TA) quantifié en heures/jour
Il est effectué quotidiennement et il n’est pas reportable. Ce sont les cours d’équitation, le travail des chevaux, la gestion des écuries, des infrastructures, le travail administratif…
•Le travail de saison (TS) quantifié en jours
Il représente les tâches plus faciles à différer ou à concentrer. Ce sont la récolte des fourrages, les travaux liés aux cultures, les travaux liés aux animaux, la maréchalerie, les concours…
Les travaux sont affectés par catégorie de main d’œuvre :
•La cellule de base (CB) : gérant(s) du centre équestre
• Hors cellule de base (hCB) : salariés, stagiaires, entreprises extérieures…
Puis par semaine « type » par période, pour simplifier la quantification du travail sur l’année. On identifie les différentes périodes où le travail est assez similaire. En centre équestre, on distingue les périodes scolaires et de vacances scolaires, où les prestations proposées par les gérants d’entreprises changent.
A partir de ces données, un indicateur est calculé pour le ou les gérant(s) : la marge de manœuvre en temps, appelée Temps Disponible Calculé (TDC). C’est le temps disponible pour réaliser l’entretien des bâtiments, du matériel, pour gérer les aléas vétérinaires, les formations professionnelles, le développement de l’entreprise…
18 enquêtes menées dans des centres équestres en 2017 ont permis de tester ce Bilan Travail et de l’adapter aux structures équestres. C’est un diagnostic d’exploitation pour évaluer/quantifier le travail à l’échelle de l’exploitation ou de l’exploitant.
•TDC/pCB < 800 heures : la situation est considérée tendue.
•Entre 900 et 1 100 heures : la situation est satisfaisante.
•Au-delà de 1 200 heures : la situation donne la possibilité de développer d’autres activités.
La gestion du collectif est complexe car les entreprises équines sont composées de nombreuses personnes avec des statuts différents, ce qui complique la tâche aux gérants.
Le travail d’astreinte fort est plutôt dû au nombre de clients et pas forcément au nombre de chevaux. La variabilité de ce temps est aussi très large (de 40 à 230 heures de TA/semaine). Les gérants réalisent de 18% à 90% du TA, soit 1 000 à 3 600 heures par an.
Le TA par équidé par an varie de 60 à 240 heures et le ratio nombre d’équidés par personne de la CB varie de 17 à 95. La taille de la cellule de travail n’est pas forcément proportionnelle au nombre de clients.
Différentes stratégies d’entreprise existent dans la gestion du travail d’astreinte avec des niveaux d’efficience variés. Ces variations sont liées à la gestion des animaux (mode d’hébergement, de distribution des aliments, travail des équidés) aux types d’infrastructures (fonctionnalité, proximité, mécanisation) et à la gestion du personnel.
Dans ce cadre, a été menée en 2017 auprès d’un poney club du Pays de Gex, dans l’Ain : Equit’Annaz, une enquête dont Maryline Jacon, Conseillère à la Chambre d’Agriculture de l’Ain vient de rendre compte dans une webconférence de l’IFCE.
V. R.
Source: Le Cheval