Entrevues avec Jacky Goulet, Maire de Saumur, président de la communauté d’agglomérations, et Eric Touron, responsable de la filière équine pour la Région qui évoque le grand projet sur le site de Verrie avec une enveloppe de 7 à 8 millions d’euros.

Saumur Complet vient de se terminer. Comment s’est déroulé cette édition selon vous ?
J.Goulet : «  Le challenge a été relevé de tenir la manifestation grâce à trois facteurs, la qualité de ce qu’on a pu voir comme sport et émotions, la qualité du temps, et cette idée d’avoir digitalisé l’événement notamment avec les web TV. Cette volonté de la présidente du Comité Equestre de Saumur, Marie-Claude Varin Missire nous a permis un rayonnement supérieur à ces conditions et mesures de huis-clos. On s’aperçoit de la nécessité de continuer à avoir de l’activité, parce que les chevaux comme l’entraînement ne sont pas en confinement, et que la partie compétitions est strictement nécessaire pour les cavaliers, les chevaux, et les calculs de classement pour pouvoir aller demain dans d’autres compétitions. Il était essentiel que la communauté d’agglomérations et la ville que je représente, soutiennent les actions aux côtés du comité équestre et de l’IFCE. Je n’ai aucun regret même si j’avais des inquiétudes. Il s’agit de prendre des décisions importantes, aussi bien du point de vue technique qu’organisationnel, et bien que l’on n’en parle jamais, bien évidemment financier aussi. »

Toujours donc dans une démarche collégiale de support du patrimoine équestre ?
J.Goulet : « La ville de Saumur est la capitale équestre, c’est aussi 2.000 emplois sur le saumurois, c’est une activité forte. Aussi, on se doit lorsque l’on est élu de représenter cette filière qui est pour nous à Saumur ô combien importante et que l’on aime ou pas, que l’on pratique une discipline avec le cheval ou pas. Lorsque je n’étais pas dans mes mandats actuels, j’étais déjà présent sur les terrains, tout simplement parce que je veux vraiment défendre cette filière.

D’ici quelques semaines, le Groupement d’Intérêt Public sera la preuve de la volonté de l’ensemble des acteurs d’avancer collégialement, quelques soient les appartenances. Nous servons l’intérêt général, celui de la filière cheval, c’est la seule chose qui doit nous guider. Jamais nous n’avons eu autant de cohésion, peut-être parce que nous avons frôlé la catastrophe, donc finalement on se regroupe comme dans toutes les grandes difficultés. Sans mobilisation, le terrain de Verrie ne serait plus entretenu par l’IFCE. C’est un terrain de l’Etat, nous n’aurions pas pu le reprendre en entretien par la seule agglomération ou ville. Il faut aussi dire que malgré la mobilisation des élus, des associations nationales et régionales, rien ne pourrait jamais se faire sur ce site, sans l’engagement extraordinaire des bénévoles et associations qui sont la cheville ouvrière, et qui sont simplement la réussite de ces événements ». 

Eric Touron, vous représentez la filière équestre auprès de la région, un bilan de ce premier mandat ?
E.Touron : « Oui, encore pour quelques semaines. Je prends toujours autant de plaisir à venir ici puisque c’est mon territoire le saumurois. Le patrimoine équestre de Saumur fait partie de notre ADN, c’est par ailleurs un vecteur économique relativement important, des emplois directs et indirects. Le cheval en général, pas uniquement à Saumur est un sujet qui fédère. C’est un lien social et politique également. 

Président de l’association de préfiguration du GIP de Verrie, avec des projets pour le site, car l’Etat au 31 décembre 2022 se désengagera totalement, j’ai participé au regroupement des collectivités pour essayer de trouver une solution viable pour ce site en l’améliorant. Dès demain, nous avons Louise Kufel, une ancienne de la FFE, qui commencera à intervenir en tant que chargée de projets pour arriver à mettre en musique ce que nous avons envisagé pour Verrie.

J’espère que nous réussirons à faire que le site s’axera autour du cheval, autour de l’environnement, de la culture comme du tourisme. Un hôtel équestre pour héberger chevaux et cavaliers, qui pourrait partir en randonnée. Essayer d’offrir une proposition pour la famille qui ne serait pas non plus équitante. Des grands projets avec une enveloppe importante autour de 7 à 8 millions d’euros au minimum. Il faut que toutes les collectivités soient parties prenantes pour faire face au budget annuel qui serait autour de 400.000€. Donc nous cherchons actuellement ce qu’on appelle le « petit équilibre ». 

Une construction mixte public - privé ?
E.Touron : « Des partenaires privés sont imaginables. Ainsi le porteur de projet touristique est du secteur privé. Cela rencontre certaines difficultés puisque nous sommes aujourd’hui sur un site public, et qu’un investisseur privé veut être propriétaire du terrain. Nous sommes donc en train, avec l’Etat, de mener les démarches nécessaires pour pouvoir identifier les parcelles et l’emprise nécessaires pour faire vivre ce projet, et garder la main bien évidemment parce qu’il nous faut construire un écosystème ici. L’hôtel va vivre avec des touristes de mai à octobre, et il est impératif que le site reste vivant ensuite afin de permettre à l’hôtelier d’avoir un taux d’occupation de son parc lui permettant la pérennité ».

Nous avons un exemple fort de liens dans les Pays de Loire entre la population et ce type de terrain, c’est le Parc de l’Isle Briand ?
E.Touron : « C’est différent. Il y a une histoire forte derrière cette appartenance. Au Lion d’Angers, il y a une culture « haras nationaux et vie locale ». Une osmose entre les deux entités. Au Saumurois, les gens viennent se balader, mais il est certain que nous n’avons pas la même histoire qu’au Lion, le haras rythmait aussi la vie de villages, les éleveurs ancrés dans ce rituel d’aller avec leurs juments aux étalons du haras, il y a une vie et une histoire.

Je remercie l’IFCE aujourd’hui de cette ouverture. Reste que pragmatiquement, pendant très longtemps, le Cadre noir était peu accessible de l’extérieur. Les saumurois avaient presque peur de l’institution, alors qu’aujourd’hui par la démocratisation, il est désormais possible de nous identifier à cette institution ». 

Bien-Être animal et soutien aux entreprises en ligne de mire.
E.Touron : « Par ailleurs, en tant que responsable de la région de la filière équine, il y a ce projet de Saumur, de nombreux autres projets sur la région autour du cheval. Sur la filière globale, le bien-être animal qui va être dans les prochaines années un sujet important, va nécessiter qu’on s’y intéresse au niveau « subventions ». Certaines écuries n’auront pas les moyens de se mettre aux normes, donc c’est un sujet important que l’on traite actuellement dans les négociations avec la PAC. Nous allons essayer de faire rentrer cette amélioration des écuries, cette mise aux normes dans la future politique agricole commune ».

M. Guillamot


La force du groupe et du collectif 

Catherine Poulin est bénévole : « Cette année, nous avons reçu les consignes des masques obligatoires et du lavage des mains fréquent. Nous sommes sur place depuis le 8 avril pour certains, pour préparer les obstacles, les repeindre… Sur le terrain depuis un mois , nous sommes entre 12 et 15. Pendant la semaine de concours, nous pouvons être jusqu’à 100. J’ai choisi d’être bénévole pour aider les autres, pour me rendre service aussi moi-même.

Le fait d’être bénévole depuis des années, me fait sortir de chez moi, voir du monde, faire quelque chose de différent… J’ai monté à cheval dans le temps, maintenant je suis bénévole sur les compétitions de complet, d’attelage, de voltige, mais pas que je suis sur le marathon de la ville également et plusieurs autres manifestations qui ne sont pas liées du tout au monde équestre. La force des bénévoles c’est le groupe, nous avons réussi à faire une famille. Nous sommes tellement nombreux à nous retrouver fréquemment tous que c’est sympa, on se connaît, on a confiance les uns dans les autres. »

M. Guillamot


Source : Le Cheval